Conseils aux futurs stagiaires pour réussir leur année de stage :
Deux menaces "implicites" sous-tendent les rapports de l'IUFM avec les professeurs stagiaires:
Ces menaces sont rarement mises à exécution mais elles font peser sur les stagiaires une pression négative tout au long de l'année.
En conséquence,
Ne soyez ni critiques ni revendicatifs
Il suffit de lire les derniers articles de presse, de regarder les derniers reportages sur les IUFM à la télévision pour se rendre compte que, malgré la mise au jour de leurs dysfonctionnements, rien n’a encore changé au sein des IUFM … Ce ne sont donc pas les pauvres stagiaires qui pourront, par des initiatives individuelles, faire bouger les choses !
Vous risquez juste de mettre en péril votre titularisation – certains syndicats dénoncent ces chantages à la titularisation dont sont victimes les stagiaires « revendicatifs »….
Certains formateurs ont un ego démesuré – si vous souhaitez obtenir des rapports « bienveillants », il vous suffit de les flatter – intéressez vous en particulier à leurs activités extra enseignement – écriture d’ouvrages scolaires, etc.
Ils vous en seront reconnaissants.
Si vous trouvez les formations peu intéressantes ...
Vous pouvez en manquer au moins 20 % sans risque de vous attirer les foudres de l’IUFM (le taux doit être variable d’un IUFM à l’autre).
Le reste du temps, vous pouvez apporter du travail personnel (préparation de cours, lectures personnelles) en essayant de rester relativement discret …. Certains formateurs feront semblant de ne rien remarquer car tout le monde trouve son intérêt à ne pas faire de vague … (certains formateurs n’ont pas envie qu’un projecteur soit braqué sur le contenu de leur formation – Leur importe, surtout, votre signature sur la feuille de présence afin de percevoir leur rémunération).
Nous avons même entendu un formateur nous inviter lui-même à faire autre chose quand nous lui avons fait remarquer que sa formation en informatique était bien en dessous de notre niveau …
Faîtes semblant de vous aligner sur « l’idéologie régnante » à l’IUFM ...
Adoptez leur vocabulaire (souvent abscons !) et « mettez l’apprenant au centre des savoirs »...
Soyez contre les sanctions (du moins en théorie – en pratique, cela risque d’être plus difficile à mettre en œuvre) et clamez que « vous souhaitez vous imposer par votre compétence et non par la discipline » (par contre, évitez de le clamer en dehors de l’IUFM, en particulier auprès de vos collègues qui, eux, gèrent au quotidien des classes difficiles et ne sont pas « planqués » à l’IUFM ou dans des classes post BAC avec sélection …)
Bref, soyez patients – l’année de stage passe relativement vite si vous vous impliquez dans la classe que vous avez en responsabilité ….
Faites semblant de prendre vos formateurs au sérieux sur toutes les remarques qu’ils vous feront, non pas que leurs remarques soient nécessairement infondées mais le problème de fond, que vous risquez de ressentir, est souvent celui de la crédibilité de formateurs qui sont « en dehors » de la réalité de vos problèmes :
Vous risquez de rencontrer des formateurs, qui, éloignés depuis longtemps du quotidien de l’enseignement ou enseignant dans des classes à forte sélection, ne savent pas, par exemple, ce que signifie enseigner dans une classe de STT [1], mais ces enseignants n’hésiteront pourtant pas à émettre des jugements définitifs sur vos pratiques …
Comment donner du crédit à une enseignante qui vous explique, le plus sérieusement du monde, qu’elle n’a jamais eu besoin de sanctionner ses élèves de Terminale G4 ? Quand on sait que la filière G a été remplacée par la filière STT depuis plus de 10 ans …
Il n’y a qu’à regarder un diaporama des IA-IPR [2] économie de l’Académie de Versailles sur leur site internet, qui vous montre que le taux de réussite au BAC STT est passé de 85,4 % en 1998 à 68,1 % en 2004 sur cette académie pour comprendre à quel point les comportements évoluent vite …
Restez "zen"
Restez zen face à la multitude de « dispositifs » d’évaluation qu’on vous fera subir (variable d’un IUFM à l’autre, mais certains IUFM respectent de manière très scrupuleuse les directives ministérielles sans aucune approche individualisée …)
Quel que soit le travail demandé, préparez un couplet sur votre "auto- évaluation". La plupart des formateurs, bien que ne se remettant eux-mêmes que rarement en cause, « adorent » la séquence d’auto-flagellation de la part des stagiaires. Il est donc très bien vu d’indiquer les erreurs commises et comment, avec plus d’expérience, on s’y prendrait forcément beaucoup mieux …
J’ai personnellement adoré la demande "d’auto-évaluation" lors de ma soutenance de "mémoire" de la part de formateurs qui n’ont jamais fait ni mémoire ni thèse pendant leurs études initiales.
Quand vous avez vous même fait un mémoire de fin d’études de type Master ou assimilé avec des enseignants de haut niveau, et que votre mémoire a été primé et publié, vous avez surtout envie d’éclater de rire devant un tel pédantisme …
Le plus important est de vous préparer mentalement au fossé qui sépare une année de préparation au(x) concours, entièrement tournée vers l’excellence, de l’année de stage où vous ne verrez plus ni un seul agrégé externe ni un seul enseignant chercheur (ce n’est sûrement pas le cas de tous les IUFM mais celui de la filière économie gestion de l’IUFM où j'étais affectée) – comme si les meilleurs universitaires en économie gestion n’avaient pas droit de cité dans cet IUFM ….
Pourtant ils existent, puisque je les ai rencontrés à l’occasion d’un colloque organisé par les IA-IPR sur la réforme STG [3] – court intermède où nous fûmes à nouveau « tirés » vers le haut l’espace d’une matinée (merci aux IA-IPR …).
A ce propos, que signifie le « U » d’IUFM, quand il n’y a pas un seul formateur enseignant au niveau universitaire en tant qu’enseignant chercheur ?!?
Si vous êtes lauréat du concours externe de l’agrégation en économie-gestion,
vous risquez d’être très déçus, non seulement par le manque de formateur de votre niveau universitaire, mais aussi pour les raisons suivantes :
1. Aucun des documents officiels qui vous sont distribués le premier jour dans certains IUFM ne mentionne les stagiaires agrégés – Il n’est question que des lauréats du CAPET [4] et PLP [5] ... Bonjour le sentiment de bienvenue!
2. Dans l'IUFM où j'étais affectée, les formateurs en économie- gestion sont à prédominance de la filière PLP (ce qui inclut, non seulement ceux qui assurent les « formations » mais aussi ceux qui participent aux jury : sur 3 jurys d’évaluation, j’ai eu 2 fois l’un des deux membres du jury qui était de la filière PLP). Outre la différence de niveau universitaire, je vois peu de points communs entre, d'une part les élèves et la pédagogie appliquée dans les lycées professionnels et d'autre part les étudiants et la pédagogie appliquée en BTS où les agrégés ont vocation à enseigner !!!
La prédominance de la filière PLP s’explique sans doute par le fait que le responsable de cette filière soit lui-même issu de la filière PLP ... Alors pourquoi ne pas spécialiser cet IUFM dans la formation professionnelle de professeurs stagiaires en lycée professionnel ?
Si vous êtes affectés d’office à dans un tel IUFM, vous pouvez y « survivre » relativement facilement, en faisant à minima ce qui vous est demandé – sans trop réfléchir, ni poser de questions – mais surtout, en ayant l’air d’adhérer complètement aux réflexions et exigences des formateurs… (ce qui au fil de l’année me devint de plus en plus difficile !!).
Voir onglet « les perles de l’IUFM ».
Le Syndicat des Agrégés (SAGES) fait un certain nombre de propositions pour la formation des Agrégés que vous pouvez consulter à l'adresse suivante :
Pour terminer (quand même !) sur une petite note positive ...
Mon inspection de titularisation (passage obligé pour les agrégés), fut un court moment "d’oxygénisation" (désolée pour le barbarisme !) – mais, j’ai enfin rencontré quelqu’un qui s’est montré bienveillant, ouvert – qui loin de se focaliser sur tous mes défauts de débutante – a cherché à voir en moi la future enseignante que je pouvais devenir et a eu une approche tellement intelligente – Bref, un petit rayon de soleil pour mettre fin à 8 mois de grisaille!
J’ai aussi trouvé, à l’extérieur de l’IUFM, des enseignants, qui, confrontés aux difficultés du terrain, cultivent un amour de leur métier et de leurs élèves, qui s’avère une vraie source d’apprentissage :
Je remercie tout particulièrement les collègues de mon Lycée, qui m’ont soutenue et aidée tout au long de cette année et qui se reconnaîtront : Albert (formidable Albert !), Philippe, Anne (il y en a deux, aussi bienveillantes et professionnelles l'une que l'autre …), Christine, Isabelle, Thierry et tous les autres …
Mes charmantes voisines, qui ont partagé avec moi des expériences inconnues des formateurs IUFM que j’ai rencontrés – celle de l’enseignement en ZEP [6], par exemple – et qui fortes d’une expérience de plus de 30 ans dans l’enseignement, m’ont prodigué pleins de petits conseils pratiques, qui se sont révélés si précieux …
[1] STT : Sciences Technologiques Tertiaires
[2] IA-IPR : Inspecteur d'Académie - Inspecteur Pédagogique Régional
[3] STG : Sciences et Technologies de la Gestion
[4] CAPET : Certificat d'Aptitude au Professorat de l'Enseignement Technique
[5] PLP : Professorat en Lycée Professionnel
[6] ZEP : Zone d'Education Prioritaire